• Pan !

    La douce tiédeur des premiers rayons du soleil invitait à la promenade. N’ayant rien d’autre à faire de sa journée, sitôt son café siroté, il avait donc rempli son sac à dos, chaussé ses godillots de marche, rabattu le loquet de la porte en chêne et était parti droit devant lui, humant les effluves des pâturages au petit matin. A midi, il avait frugalement pique-niqué au sommet du Mont Degers, s’était accordé une petite sieste et avait bifurqué sur la gauche, vers la forêt qui épousait à perte de vue les formes voluptueuses de Dame Nature. Il appréciait tant ces instants de quiétude, à se promener, seul au milieu de cette nature si belle et si sauvage ! Longeant le bois, il s'emplissait les yeux des magnifiques paysages verdoyants qui s’étendaient à perte de vue…

    Mais le temps se gâtait. En homme expérimenté, donc prudent, il décida de regagner son chalet, s'autorisant toutefois un crochet par la roche de Cartinard pour profiter une dernière fois du majestueux panorama qui s'offrait aux marcheurs courageux…

    Quelques instants plus tard, il était devant la lourde porte de son chalet. Il souleva plusieurs fois le loquet. Le battant restait clos. Vaguement inquiet, il agita frénétiquement la pièce métallique. En vain. Il entendait pourtant bien le mécanisme se déclencher de l’intérieur, mais la poterne refusait obstinément de pivoter sur ses gonds.

    Au loin, un éclair zébra le ciel, puis un deuxième, puis un autre encore, tandis que mille baguettes de pluie vinrent crescendo tambouriner son corps. Bien qu'habitué aux sautes d'humeur de la météo dans ce coin de montagne, il ne put s'empêcher de réprimer un tremblement d’effroi devant ce ciel qu'un peintre invisible noircissait à vue d'oeil. Le bleu azur s’était en effet soudainement transformé en bleu outremer, et l’encre foncée gagnait du terrain à chaque flash…

    Il voulut se mettre à l’abri dans l’épaisse forêt toute proche. Il courut, tourna à droite et emprunta l'étroit sentier qui serpentait entre un mélange de conifères et de feuillus si serrés que seuls les vieux montagnards s’y risquaient sans crainte de s’égarer. Lui s’y retrouverait sans problème : c’était son terrain de jeux depuis des décennies.

    Il faisait très sombre maintenant. Aucune goutte de pluie ne parvenait à percer la voûte végétale. Une brume maléfique montait du sol réchauffé. Il frissonna, et pas seulement à cause de la chute brutale de la température. Ses vêtements, poisseux et trempés, collaient à sa peau moite. Ses pas ne faisaient aucun bruit sur la ouate de la mousse, des feuilles mortes et des aiguilles de pin. Ce silence contrastait avec la violence du ciel, et rendait plus impressionnante encore cette forêt….

    Soudain, un énorme chien bondit de nulle part et se planta devant lui, babines retroussées, poils hérissés. Un grondement rauque et sourd sortait de ses entrailles, comme si le tonnerre l'avait envoyé en éclaireur. Pétrifié par la surprise et la peur, le promeneur restait figé sur place. Il observait la bête. Soudain, il blêmit. Ces yeux jaunes luisants, ces longues pattes, ce corps décharné, cette mâchoire puissante... Un loup !… C'était un loup !… « Ils » avaient pourtant disparu depuis plus d’un siècle !… Il recula doucement, cherchant avidement des yeux une issue de secours dans l’enchevêtrement des troncs. Mais la bête avançait, tranquille, sereine, ne le quittant pas du regard…

              Et ce calme olympien, cette assurance tranquille, liquéfièrent le peu de sang-froid qui restait à l'homme. Totalement affolé, il détala soudainement, s’engouffra entre deux buissons, ne sentant ni les ronces qui lui déchiraient les mollets, ni les tendres rameaux qui lui cinglaient le visage. Un hurlement sinistre retentit, auquel répondirent des dizaines d'autres. Point n'était besoin d'avoir l'ouïe fine pour se rendre compte que toute une meute était à sa poursuite… Une véritable chasse à l'homme, au sens le plus réaliste du terme, s'était engagée...

    Perdant tout self-control, les yeux exorbités, le paisible promeneur se mua en bête traquée. Il se découvrit des ressources insoupçonnées. Il courait dans le noir, bondissait par dessus un tronc tombé par terre qu’il apercevait au dernier moment, tombait, se relevait, repartait de plus belle, toujours soufflant et ahanant, tournait à droite, entendait du bruit, obliquait à gauche, sentait une présence animale, se ravisait et prenait la direction opposée. Lui, l'enfant du pays, qui connaissait par coeur les moindres recoins de « sa » forêt, avait perdu tout sens de l'orientation. Haletant, trempé de sueur, il dépensait sans compter d'inutiles efforts à emprunter dix fois le même chemin pour sauver sa peau. Il courait, droit devant lui, le visage ensanglanté... Et toujours ces hurlements qui s'accrochaient à lui, ne le lâchaient plus, lui glaçaient les os !...

    Il jetait parfois un oeil vers le ciel, tentant désespérément d'entrevoir une lueur d'espoir, un signe encourageant au travers de la canopée. Mais même les cieux semblaient contre lui. Imperturbables, les moutons noirs, poussés par un fort vent, se faisaient les alliés des loups, lui dissimulant racines et autres pièges que lui tendaient les sycomores.

    II courait. Il courait toujours. Et ces hurlements incessants ! Ces hurlements qui, comble de l'ironie, se mettaient en harmonie avec son propre coeur, qui battait comme un tambour, en un sinistre requiem !… Il courait. Et chaque fois qu’il espérait avoir semé ses poursuivants, un nouvel animal lui barrait soudainement le passage… Il courait. Au hasard maintenant, plus assez lucide pour chercher son chemin. Sa survie dépendait de ses jambes…

    Il trébuchait de plus en plus souvent, se relevait de  plus en plus lentement, contournait les obstacles plutôt que de les sauter, raccourcissait ses foulées, s'arrêtait plus fréquemment pour reprendre son souffle… Et ces loups qui, jamais ne l’attaquaient, mais le laissaient juste s’épuiser en de vaines courses, respectant ses moments de répit pour mieux le terroriser dès que son cœur cessait de battre la chamade !… Il en était certain désormais : « ils » s’opposaient à ce qu’il redescende vers la vallée, ses lumières et ses habitants… Une pensée cauchemardesque le hantait, l’obsédait : et s’« ils » étaient dressés ? Et s’ « ils » le dirigeaient vers leur chef ?…

    Désormais, il se traînait plus qu’il n’avançait. Il chuta une dernière fois, n’eut plus la force de se relever et poursuivit son chemin de croix à quatre pattes.

    … Enfin, à bout de forces, implorant une dernière fois le ciel plombé, il s'écroula sur le dos, livide, sur un tapis de mousse. Ses poumons allaient éclater. Son torse se soulevait et s’abaissait à un rythme effréné et compulsif qu’il ne maîtrisait plus. Il ferma les yeux quelques instants, afin de tenter de reprendre quelque peu ses esprits. Trop tard.

    Lorsqu'il les rouvrit, une vingtaine de loups l'encerclaient, hurlant d'excitation, avides de toucher leur récompense, la gueule levée vers la lune en une tragique revue militaire. Instinctivement, il se recroquevilla en position fœtale, les bras entourant ses jambes repliées. Il attendait l’hallali en jetant des regards complètement affolés autour de lui, mais n’avait plus la force d’esquisser le moindre geste de défense. Peut-être lors de la curée trouverait-il quelque énergie pour vendre chèrement sa peau ?…

            Un bruit de feuillages, juste derrière lui, le fit tressauter. Il se retourna, aux aguets, prêt à l'ultime affrontement. Alors, un grand cerf aux bois magnifiques s'avança, royal, majestueux. Il jaugea l'humain, le toisa d'un regard dans lequel dominaient la pitié et le mépris. Puis déclara aux loups, magnanime :

    « Laissez-le partir. De toute façon, il n'a pas la taille réglementaire, on aurait des ennuis avec le garde-chasse »…


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  • RTL

    Emission "Les grosses têtes" de Philippe Bouvard du jeudi 14 juin 2012 (de 22'30 à la fin), avec Philippe Chevallier, Bernard Mabille, Jacques Maillot, Jean-Jacques Peroni et Vincent Perrot.

    http://www.rtl.fr/emission/les-grosses-tetes/ecouter/les-grosses-tetes-du-14-juin-2012-patrice-romain-7749522738

     

    RCF

    Emission "Le temps de le dire" de Stéphanie Gallet du lundi 18 juin 2012.

    http://podcast.rcf.fr/emission/142408/326214

     

    EUROPE 1

    Emission "Les experts Europe 1" de Héléna Morna du mardi 10 juillet 2012

    http://www.europe1.fr/MediaCenter/Emissions/Les-experts-Europe-1/Sons/Les-Experts-Europe-1-Metiers-a-risque-metiers-passion-1164793/

     

    France bleu Creuse

    http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-bleu/?nr=fa5da10e76e3b55e0903ae91a6f01702&4b902a1ac0062c7a043407c8def41b69_container_id=63774&4b902a1ac0062c7a043407c8def41b69_container_mode=instances&4b902a1ac0062c7a043407c8def41b69_article_id=760598
     

    Sud-Ouest du dimanche 10 juin 2012

    Sud-Ouest

     

    La République du centre du 17 juillet 2012

    La republique du centre 17072012[1]


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  •             Marcel a voulu changer l’ampoule des cabinets.

                Pour cela, il est monté sur la cuvette des WC. Mais son fils, peu de temps auparavant, n’avait pas visé correctement.

                Marcel a glissé sur le rebord plein d’urine. Il prend actuellement un bain de pied. Sa cheville épouse la forme du siphon car l’entorse a provoqué un gonflement immédiat.

                Nous avons deux alternatives devant nous :

    1)    Démonter le sanitaire et le transporter à l’hôpital avec Marcel ;

    2)    casser la céramique.

     

    *

     

                Départ pour « différend familial » entre deux tourtereaux hystériques d’un quintal chacun.

                Intervention un peu chaude. La police est là. Nous sommes entre les deux protagonistes et tentons de les raisonner.

                Soudain, l’homme se jette sur moi. Je n’ai que le temps de me protéger avec mon sac de secouriste, dans lequel il plante sa machette. Les policiers se précipitent, le plaquent au sol et lui passent les menottes avant qu’il ne m’égorge.

                La femme crie au secours, balance des claques à tout le monde avec ses battoirs à cinq doigts, nous traite de racistes et hurle qu’elle va porter plainte pour brutalité policière.

                C’est beau l’amour !

     

    *

     

                Un médecin libéral nous appelle de son cabinet. Des parents qui habitent dans le même immeuble, deux étages au-dessus, lui ont amené leur bébé inconscient.

                Nous massons en vain le petit être. Le père et la mère sont dans la salle d’attente et espèrent, nous interrogeant du regard à chaque fois que nous passons devant eux pour aller chercher du matériel dans le VSAB. L’interne du SMUR ne peut finalement que constater la mort du nourrisson.

                On nous ordonne de transporter le bébé en faisant croire qu’il est vivant : il ne peut pas être décédé chez une personne chargée de soigner et de sauver des vies. Sans doute le médecin craint-il pour sa réputation…

                Pierrick met le petit corps sur le grand brancard, direction le VSAB, tandis que j’appuie régulièrement sur le BAVU* modèle bébé pour faire semblant d’insuffler de l’air au petit ange. Nous passons devant la maman. Elle se lève et saisit la minuscule main inerte du petit corps à la peau mate noyé dans un immense linceul blanc immaculé : « Courage, mon petit Jonathan, tu vas t’en sortir ! »

                L’horreur absolue.

                Nous filons à l’hôpital. Arrivé aux urgences, je porte le corps et le dépose rapidement sur un lit à roulettes… Vite, on repart. Pas le temps de discuter. Je ne veux pas, je ne peux pas croiser la mère qui va arriver d’un instant à l’autre.

                Trop tard. Les parents sont déjà au bout du couloir. J’ouvre la première porte venue et la referme derrière moi pour ne pas affronter le regard de la maman.

                Ses cris de détresse me déchirent les tympans. Vingt ans plus tard, je les entends encore…

     

    *

     

                La glace de l’étang artificiel a cédé sous le poids de l’ado intrépide et inconscient qui voulait prendre un raccourci et pensait ne pas peser plus lourd qu’un canard.

                Le collégien est maintenant au milieu de l’étendue gelée, dans l’eau jusqu’aux épaules, sac au dos, engourdi par le froid, se cramponnant comme il peut à la glace, incapable de se sortir de là.

                Cédric, déjà sur place avec le VSAB, a jaugé la situation et demandé d’urgence un hélicoptère. Il enlève ses bottes pour avoir une chance de s’en sortir s’il doit nager, s’encorde et rampe jusqu’au collégien, croisant les doigts pour que la fine couche d’eau solide ne cède pas sous son poids. Il rejoint l’imprudent à temps et le réconforte. Puis reste de longues minutes allongé sur la glace, immobile, les lèvres bleues, en hypothermie, attendant les renforts aériens, maintenant le gamin à la surface avec ses mains dont il ne sent plus les doigts.

                Enfin, il saisit le harnais situé au bout du câble que déroule le sauveteur de l’hélico, en vol stationnaire, dix mètres au-dessus, amarre le môme et fait signe au pilote de l’hélitreuiller.

                Puis rampe à nouveau jusqu’au bord de l’étang, rentre à la caserne, prend une douche brûlante, se change, avale un chocolat chaud et continue sa garde.

                Cédric recevra une lettre de félicitations du colonel. Il doit s’estimer heureux car, comme un galonné dans son bureau le lui a gentiment dit, il n’a fait que son métier.

     

    *

     

                Départ pour femme en couches.

                On voit les cheveux du bébé. Mon premier véritable accouchement !

                Gants stériles.

                – Poussez, Madame !

                Je saisis le crâne, le tourne pour qu’il soit bien dans l’axe des épaules.

                – Poussez encore, Madame !

                Je tire délicatement.

                – Poussez toujours, Madame !

                C’est un garçon ! Je clampe le cordon ombilical en deux endroits, pose le poupon sur le ventre de la parturiente et l’entoure du drap stérile qu’Alexis avait mis à chauffer sur un radiateur.

                En attendant le SMUR, j’interroge la maman, histoire de meubler la conversation :

                – Alors, comment va-t-il s’appeler, ce petit ?

    – Ah ! Ça ! Je ne sais pas ! Il faut demander à mon mari !

                Lequel, quand il nous a vus arriver, s’est discrètement éclipsé au café d’en face.

     

    *

     

                La victime ne supporte visiblement pas le mélange alcool-médicaments. Comme l’escalier est étroit, nous la descendons prudemment sur notre brancard souple.

                Soudain, la comateuse se réveille, ouvre un œil et aperçoit au-dessus d’elle la bonne bouille d’Alexis. Elle se mue alors en furie, tend brusquement ses bras et lui lacère le visage de ses ongles longs, noirs et tranchants.

                Alexis, conscience professionnelle oblige, ne lâche pas le brancard. Il hurle de rage et de douleur et recule violemment sa tête pour échapper aux serres.

                BOOONG !

                Son crâne heurte le mur. À moitié groggy, Alexis s’écroule sur la griffeuse, entraînant tout le monde dans sa chute.

     

    *

     

                Une prostituée exerce son art sur le bord de la route qui mène à l’hôpital. À chaque fois que nous emmenons un blessé, nous donnons un coup de deux-tons et, assise derrière le volant, la demoiselle nous fait un petit signe amical de la main.

                Cet après-midi, nous passons devant son camping-car mais les rideaux sont tirés. Il y a un véhicule garé à côté. Madame est donc en plein travail. Je déclenche néanmoins l’habituel pin-pon, pour la forme.

                Une main apparaît à travers les rideaux et s’agite pour nous dire bonjour.

                Bien que tout à son affaire, la dame de petite vertu n’oublie pas de saluer ses pompiers préférés.

     

    *

     

                8 heures du matin. Dans la chambre conjugale, l’homme est nu, allongé sur le dos, écartelé. Ses chevilles et ses poignets sont attachés aux quatre pieds du lit en fer. Autour de son sexe, de la crème chantilly. Tout cela en piteux état.

                Je ne parle pas que de la crème.

                Il est plutôt gêné aux entournures, peut-être de s’être soulagé sur lui : une large auréole jaunâtre entoure son postérieur et il a quelques gouttes d’urine dans les poils de son pubis.

                C’est sa femme qui nous a appelés tout à l’heure. Elle a trouvé son mari dans cette position, en rentrant de son travail nocturne. Elle n’a touché à rien.

                Ambiance glaciale.

                La veille au soir, la maîtresse s’est enfuie avec les clés des menottes.

     

    *

               

                Violent feu d’appartement. Les flammes sortent par la fenêtre.

                Nous sommes sur le palier du deuxième étage. On n’y voit pas grand chose : nos projecteurs ne sont pas assez puissants pour trouer la fumée omniprésente. Où est le foyer ?

                Ça y est ! Erwann a enfin trouvé : « Patrice ! Vite ! C’est là ! La porte est chaude et ça correspond, par rapport à la façade ! »

                Avec la petite pince, nous faisons levier sur la porte d’entrée, tandis que Mickaël se tient accroupi, lance à la main, prêt à arroser au cas où les flammes surgiraient brusquement suite à l’appel d’air, une fois le passage forcé.

                Crraaac !

                Mauvaise pioche. Le logement est en parfait état. Le feu, c’est dans l’appartement d’à côté.

     

     


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  • Les casiers des professeurs

    Mais qu’y a-t-il derrière la porte d’un casier ?
    Notre grand reporter a pu y accéder...

    Une tasse ébréchée pour les nombreux cafés
    La feuille de commande qui traîne depuis septembre
    Du rimmel et du gloss pour n’pas faire peur aux gosses
    L’avis de promotion du dernier échelon
    Des manuels empruntés qu’on va rendre c’est juré
    De savants découpages pour les photocopiages
        Et puis…  Un tube de Lexomil pour les cours difficiles
        Des plaquettes de Stablon s’il y a des trublions


    Un carnet de liaison pour mettre une punition
    Le code du réseau écrit à droite en haut
    Le d’voir de Samira, en r’tard comme à chaque fois
    Une centaine de copies à rendre pour vendredi
    En fonction d’la matière, il y a un dictionnaire,
    L’trousseau d’clés du vestiaire ou un bocal en verre
        Et puis…  Une réserve de Xanax pour c’lui qui flippe un max
        Une boîte de Tranxène pour faire cours aux 3èmes


    Un paquet de chewing-gum, une mignonnette de rhum
    A l’approche des fêtes, une boîte de sucrettes
    Un vieux ticket d’loto qu’a rapporté zéro
    Une clé USB que l’on va égarer
    Une ancienne fiche de paie c’n’est pas ce qui rend gai
      Un dernier bulletin la mère viendra demain
        Et puis… Une caisse d’Euphytose, au cas où ils explosent
        Bien sûr les Temesta spécial 4ème A


    Un feutre velleda qui sèche depuis six mois
    Quelques morceaux de craies souv’nir un peu désuet
    Une clé de l’armoire du vieux labo d’histoire
    Une liste d’élèves qui viennent même quand y’a grève
    Un rapport d’incident du collègue d’allemand
    Des notes du principal, la revue syndicale
        Et puis… Un tube de Valium sinon on les assomme  
        Une boîte de Prozac c’est ça ou la matraque


    Une barre vitaminée pour la pause déjeuner
    Une convocation, encore de corrections
    L’information retraite, comme j’aim’rais déjà y être !
    Une lettre du recteur, on voit qu’il est ailleurs,
    Quelques publicités pour les vacances d’été
    Cinq ou six pétitions pour des libérations   
        Et puis… des doses de Seropram, pour à chaque fois qu’ils brament
        Un peu de Théralène pour entrer dans l’arène


    Une boîte de Zoloft pour jouer à Lara Croft
    Même une revue porno soustraite à un ado
    Et des préservatifs pour les plus combatifs
    Le prof épicurien souvent lui n’y met rien
    La la la


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  • 20 heures par semaine

     

    J'suis un peu diplômé, et donc un peu payé,  

    J’suis un peu éduqué, donc un peu méprisé,   

    Leur jeu c’est d’me casser, le mien c’est d’résister, 

    Faire preuve d’autorité sans les traumatiser.      

     

    20 heures par semaine quelle bande de fainéants 

    Ils ont bien d’la veine en vacances tout l’temps 

     

    Refus de travailler, désir de m'humilier,

    Pas question de craquer sinon c'est terminé,

    Il me faut au lycée garder ma dignité,

    Toujours positiver sous peine de sombrer.

     

    20 heures par semaine quelle bande de fainéants 

    Ils ont bien d’la veine en vacances tout l’temps 

     

    Copies à corriger, bull’tins à compléter,

    Leçons à préparer, parents à écouter,

    Collègues à consoler, élèves à orienter,

    Méthode à justifier, allongent mes journées.

     

    20 heures par semaine quelle bande de fainéants 

    Ils ont bien d’la veine en vacances tout l’temps 

     

    Sylvie est déprimée, Pascal découragé,

    Laura désabusée, Bernard s'est fait frapper,

    A la fin de l’année, nous sommes tous épuisés,

    Amorphes ou névrosés, plus pâles que bronzés.

     

    20 heures par semaine quelle bande de fainéants 

    Ils ont bien d’la veine en vacances tout l’temps 

     

    Vous pouvez critiquer, nous sommes habitués,

    Mais la réalité, c’est mieux que les clichés,

    Y’a besoin d’recruter, venez pour la rentrée,

    Et enfin vous aurez la place dont vous rêvez… 


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